La formation des nouveaux avocats va t-elle devenir le nouveau défi de la profession?
Depuis que le monde est monde, la transmission des savoirs s’est toujours faite naturellement. Certes, certains sont plus pédagogues que d’autres, certains sont plus réceptifs que d’autres. La transmission d’une profession s’est toujours faite de façon naturelle. Mais, car il y a toujours un “mais”, elle tend à se complexifier. L’Intelligence Artificielle est un sujet sérieux concernant la formation des nouveaux avocats mais au final, elle n’est peut-être pas la menace la plus sérieuse.
La formation un sujet tabou?
Tout d’abord, il est intéressant de noter que la problématique de la formation des avocats n’est nullement apparue comme un sujet majeur des difficultés à venir pour la profession avec l’apparition de l’Intelligence Artificielle.
Pourtant, de nombreux avocats sont sensibles à ce sujet et leurs réflexions sont très intéressantes, mais peinent à sortir de discussions en petit comité.
Petite précision utile à ce stade, nous parlons de la formation en cabinet, pas en école. Les écoles sont conscientes de la nécessité de former les nouvelles générations à l’IA.
De quoi parlons-nous alors ?
Nous parlons de l’avocat junior qui va faire ses armes au sein d’un cabinet pour enfin passer de la théorie à la pratique, car nous le savons bien, la pratique est la meilleure école qui soit.
Alors que l’avenir d’une profession réside dans son renouvellement, les difficultés de former les nouveaux avocats ne semblent pas émouvoir plus que ça.
Jeunes avocats et IA
L’Intelligence Artificielle est bien évidemment un sujet majeur dans le défi que représente la formation des nouvelles recrues.
Il paraît évident qu’il faudra les former à ce nouvel outil car il deviendra indispensable. Choc des générations oblige, il faudra aussi, et ça sera peut-être le plus compliqué, les former à travailler sans IA. Pourquoi? les raisons sont mulL’Intelligence Artificielle est bien évidemment un sujet majeur dans le défi que représente la formation des nouvelles recrues.
Il paraît évident qu’il faudra les former à ce nouvel outil car il deviendra indispensable. Choc des générations oblige, il faudra aussi, et ça sera peut-être le plus compliqué, les former à travailler sans IA. Pourquoi ? Les raisons sont multiples.
Tout d’abord, nous ne sommes jamais à l’abri d’une panne de l’outil, quel qu’il soit. S’il est hors service, quelques minutes, on peut attendre mais si l’indisponibilité est plus longue, il faut bien être en capacité de travailler.
Par ailleurs, si le jeune avocat a appris à travailler sur une Intelligence Artificielle en particulier dans son cabinet, il peut être déstabilisé quand il quitte ce cabinet et n’a plus accès à cette IA qu’il maîtrise tant.
Au passage, il est contre-productif de vouloir dans un premier temps interdire l’utilisation de l’IA aux jeunes avocats, ils le feront avec ou sans autorisations. Il paraît plus judicieux de les superviser que de devoir les “fliquer”.
Enfin, l’expérience de l’avocat s’acquiert en dehors de l’IA. L’expérience ne se trouve pas dans l’IA. La pratique la plus judicieuse sera d’utiliser l’IA associée à l’expérience de l’avocat qui connaît son métier, ses clients, les rouages du système, la dernière jurisprudence etc…tiples.
Tout d’abord, nous ne sommes jamais à l’abri de la panne de l’outil, quel qu’il soit. S’il est hors service, quelques minutes, on peut attendre mais si l’indisponibilité est plus longue, il faut bien être en capacité de travailler.
Par ailleurs, si le jeune avocat a appris à travailler sur une Intelligence Artificielle en particulier dans son cabinet, il peut être déstabiliser quand il quitte ce cabinet et n’a plus accès à cette IA qu’il maitrise tant.
Au passage, il est contre-productif de vouloir dans un premier temps interdire l’utilisation de l’IA aux jeunes avocats, ils le feront avec ou sans autorisations. Il paraît plus judicieux de les superviser que de devoir les “fliquer”.
Enfin, l’expérience de l’avocat s’acquière en dehors de l’IA. L’expérience ne se trouve pas dans l’IA. La pratique la plus judicieuse sera d’utiliser l’IA associée à l’expérience de l’avocat qui connaît son métier, ses clients, les rouages du système, la dernière jurisprudence etc…
Avocat junior vs IA
L’une des problématiques qui va se poser, si elle ne se pose pas déjà à l’heure actuelle, sera la pertinence de prendre un avocat stagiaire ou junior dans son cabinet alors qu’une IA peut facilement le remplacer.
Le stagiaire ou le junior sont une main d’œuvre à bas coût, ne le cachons pas. Cette main d’œuvre se forme en faisant le travail qu’un avocat expérimenté ne veut plus faire, car trop fastidieux, trop chronophage, pas assez valorisant.
Dorénavant, un cabinet aura le choix entre prendre un stagiaire ou un junior, ou passer par une IA. Si on ne pousse pas trop loin la comparaison, le résultat sera bon an mal an le même, mais sans les contraintes de la formation. Tout le monde n’a pas l’âme d’un formateur, tous les stagiaires ne sont pas des éponges qui absorbent le savoir sans broncher.
Mais si les cabinets n’ont plus besoin de jeunes collaborateurs, où ces derniers vont-ils pouvoir se former ? Et surtout, comment ?
Un problème pas nouveau
Il est facile de jeter tous les maux de la profession sur l’Intelligence Artificielle. Il semblerait néanmoins que le problème ne soit pas nouveau.
J’ai eu une conversation très intéressante la semaine dernière avec une avocate qui m’a démontré que le problème de la formation des avocats était bien antérieur à l’arrivée de l’IA.
Elle m’a ainsi expliqué qu’elle ne prendrait plus de stagiaire ni de junior. En effet, ce qui se perd de plus en plus dans la formation est le retour sur investissement. Former un professionnel prend du temps, beaucoup de temps. Cette avocate m’expliquait qu’elle était fatiguée de former des avocats pour qu’au bout de 2 ans, ces derniers s’en aillent pour ouvrir leur propre cabinet. Si cela a toujours eu lieu, les délais avant qu’un avocat junior ouvre son propre cabinet étaient bien plus longs et permettaient à l’avocat senior d’avoir un retour sur investissement. Repartir de 0 tous les 2 ans peut être usant et n’incite pas forcément à faire l’effort de temps et de pédagogie nécessaires pour former un avocat sachant qu’il partira très vite.
L’IA va donc peut-être accélérer le phénomène actuel mais ce phénomène a pris corps dans la difficulté pour les cabinets à garder les avocats formés qui très (trop) vite veulent voler de leurs propres ailes.
Et si les avocats étaient leur propre menace?
Nous l’avons vu, deux situations à la base distinctes peuvent se retrouver pour accentuer un phénomène.
D’un côté, nous avons des avocats senior qui sont las de former des avocats qui prennent la poudre d’escampette dès qu’ils le peuvent.
De l’autre, nous avons l’arrivée de l’IA qui apporte des solutions à ces mêmes avocats qui ont tout de même besoin d’une solution pour faire le travail que faisaient les stagiaires et les juniors.
Au milieu, nos avocats débutants.
Mais pour débuter, il faut être formé. Et pour être formé, il faut apprendre auprès de ceux qui ont plus d’expérience. Mais si ces derniers ne veulent plus former ?
L’IA n’aura qu’un rôle d’accélérateur d’une situation née bien avant elle. Elle n’apporte qu’une solution aux avocats expérimentés. Elle n’a pas créé le problème.
Le problème est né des avocats eux-mêmes. Mais comment leur en vouloir ? N’est-ce pas logique après tout de vouloir voler de ses propres ailes ?
Je ne pense pas que quiconque ait la solution à ce problème à l’heure actuelle.
Mais, ne pas faire l’autruche et soulever la question serait déjà une première étape importante. Ne pas former la nouvelle génération serait un suicide collectif. Une profession peu ou mal formée ne peut qu’aller de déconvenues en déconvenues. Et si le client doit choisir entre un avocat mal formé et une IA prometteuse, vers “qui” ira-t-il ?
À mon modeste niveau, je ne peux qu’appeler tous ceux qui se soucient de la profession à s’interroger sur un problème, petit aujourd’hui mais qui grandira d’années en années.